La nuit où Jésus est né, des bergers veillaient sur leurs troupeaux dans les collines proches de Bethléem. Soudain, un ange du Seigneur leur apparut et sa gloire, sa lumière et son éclat resplendirent autour d’eux. L’ange leur dit de ne pas avoir peur, car il avait une bonne nouvelle à leur annoncer. Il leur révéla qu’un Sauveur, Jésus, le Seigneur, venait de naître dans la ville de David. Pour confirmer cela, l’ange leur dit qu’ils trouveraient l’enfant, enveloppé de langes, couché dans une mangeoire 1.
Aussitôt après cette annonce étonnante, une grande foule d’êtres célestes apparut, louant Dieu en disant : « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! » 2 Lorsque l’ange et la troupe s’éloignèrent dans la lumière glorieuse de Dieu, les bergers décidèrent d’aller tout de suite à Bethléem pour voir ce dont Dieu leur avait parlé.
On trouve dans les écrits juifs des preuves que les bergers et les éleveurs étaient considérés comme ayant un statut social très bas dans l’Israël du premier siècle. Cela s’expliquait en partie par le fait qu’ils étaient tout le temps aux champs et qu’ils n’étaient pas en mesure de respecter toutes les lois religieuses, et aussi parce qu’ils faisaient paître les moutons sur les terres d’autres personnes sans leur permission. Dans ce contexte, le fait que cette annonce ait été faite à des bergers, considérés en quelque sorte comme des parias, est d’autant plus remarquable.
À Bethléem, les bergers trouvèrent Marie, Joseph et le bébé, comme l’ange l’avait annoncé. Trouver Jésus couché dans une mangeoire, emmailloté dans une étoffe, dans la pièce principale d’une maison de paysans, avec des animaux dans l’étable, n’aurait pas été inhabituel pour eux, puisque leurs enfants avaient vraisemblablement été emmaillotés de la même manière, selon les coutumes paysannes. Et déposer un enfant dans une mangeoire n’était probablement pas habituel, mais pouvait constituer une solution pratique dans des logements surpeuplés.
Ce qui a dû être le plus extraordinaire pour eux, c’est qu’un enfant dont la naissance leur avait été annoncée par un ange, accompagné d’une troupe d’êtres célestes, se retrouvât dans une maison de village semblable à la leur ! Les bergers, qui étaient des gens de basse condition, pauvres et humbles, ont découvert cette nuit-là que le Messie, le Sauveur du monde, était né en humble paysan, tout comme eux.
L’Évangile de Luc nous dit qu’en partant, les bergers « célébraient la grandeur de Dieu et le louaient pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu, » et « qu’ils racontèrent ce que l’ange leur avait dit au sujet de ce petit enfant » 3. Jésus était venu pour les pauvres et les nécessiteux, les humbles, les opprimés, et pas seulement pour ceux qui avaient un certain rang et une bonne réputation. Le message était celui-ci : tout le monde est le bienvenu, et le don du salut de Dieu est pour tous.
L’Évangile de Matthieu raconte la visite des mages, venus d’Orient après avoir vu une étoile particulière, qu’ils ont interprétée comme un présage de la naissance d’un roi des Juifs. Ils se rendirent à Jérusalem à la recherche de ce roi et, à leur arrivée, commencèrent à demander où se trouvait l’enfant destiné à devenir roi, afin de pouvoir lui rendre hommage 4.
Lorsque le roi Hérode entendit cela, il fut inquiet, car la naissance d’un nouveau roi pouvait signifier une remise en cause de son trône. Il réunit les grands prêtres et les scribes pour savoir où un tel enfant était censé naître, et ils lui dirent que, selon les Écritures, la naissance aurait lieu à Bethléem. Les chefs religieux savaient que les Écritures indiquaient où le Messie naîtrait, mais ils ne savaient pas qu’il était déjà né. Bien que Bethléem ne se trouve qu’à environ huit kilomètres de Jérusalem, il n’y a aucune trace d’un quelconque chef religieux allant à la recherche de l’enfant.
Hérode rencontra secrètement les mages pour savoir à quel moment ils avaient vu l’étoile, ce qui semble avoir eu lieu deux ans plus tôt. Après avoir obtenu cette information, il les envoya à Bethléem en leur demandant de lui indiquer où se trouvait l’enfant afin qu’il puisse lui rendre hommage à son tour 5. Les mages quittèrent Jérusalem, trouvèrent Jésus et sa famille, se prosternèrent devant lui, lui rendirent hommage et lui offrirent des cadeaux, de l’or, de l’encens et de la myrrhe 6.
Après avoir trouvé le roi nouveau-né, les mages reçurent en songe la consigne de ne pas retourner voir Hérode, et ils y obéirent. Lorsque Hérode découvrit qu’ils avaient quitté le pays sans lui dire où trouver l’enfant, il devint furieux. Il ordonna à ses soldats de tuer tous les enfants mâles âgés de deux ans ou moins à Bethléem et dans les environs, dans l’espoir d’éliminer toute contestation de son trône.
Outre le fait de relater ces événements, qu’est-ce que cette partie du récit de Matthieu cherche à transmettre ? Hérode et les chefs religieux de Jérusalem ignoraient que le roi promis était né, ce qui montre que Dieu n’avait pas donné de signe aux autorités religieuses et politiques. En revanche, les mages païens avaient vu un signe dans la nature, dans cette étoile. Ils réagirent en cherchant le roi nouveau-né et finalement virent le Sauveur et l’adorèrent. Matthieu souligne que le salut promis par Dieu n’était pas réservé à Israël, mais était également destiné aux Gentils, ce qui signifie qu’il était pour tout le monde.
Luc nous raconte qu’après la naissance de Jésus, ses parents l’emmenèrent au temple de Jérusalem pour le présenter au Seigneur. Pendant qu’ils y étaient, un vieillard Juif, pieux, nommé Siméon, les vit. Dieu avait dit à Siméon qu’il ne mourrait pas avant d’avoir vu le Christ, le Messie. En voyant Jésus, il le prit dans ses bras et pria : « Maintenant, Seigneur, tu as réalisé ta promesse : tu peux laisser ton serviteur mourir en paix. Car j’ai vu de mes propres yeux ton salut, ce salut que tu as préparé devant tous les peuples : c’est la lumière qui te fera connaître aux nations du monde et qui sera la gloire d’Israël, ton peuple » 7.
La prière de Siméon parle du salut pour tous, Juifs et Gentils. Comme pour les mages, le message est celui d’un salut accessible à tous par le Christ. Le Fils de Dieu est venu sur terre pour tout le monde.
Ensuite, Siméon les bénit et dit à Marie, la mère de Jésus : « Dieu a destiné cet enfant à causer la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de Dieu auquel les gens s’opposeront, et il mettra ainsi en pleine lumière les pensées cachées dans le cœur de beaucoup » 8.
Après avoir proclamé que le salut serait pour les Juifs et les Gentils, Siméon prophétisa également qu’il y aurait un rejet de Jésus au sein d’Israël. Certains croiraient et d’autres ne croiraient pas ; il y aurait une division au sein du peuple, car les pensées cachées dans le cœur des gens seraient dévoilées.
Dans l’Évangile de Luc, les bergers, les gens les moins bien considérés de la société juive, sont témoins d’une annonce surnaturelle par l’intermédiaire d’un ange, et l’enfant est un enfant de paysan – un signe clair qu’Il est venu pour les gens du peuple. Il y a également un Juif religieux qui prophétise dans le temple que le Messie vient pour tous, même s’Il serait rejeté par certains. Dans l’Évangile de Matthieu, ce sont des mages non-juifs qui ont observé le signe du Sauveur dans la nature, et l’ont suivi pour aller Le voir, ce qui signifie à nouveau que le salut est pour tous.
Le message récurrent dans les récits de la naissance de Jésus – et en fait, tout au long des Évangiles – est que Jésus est venu pour l’humanité tout entière ; Il est mort pour le salut de tous. « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu mais qu’il ait la vie éternelle. » 9 C’est cela la bonne nouvelle de Noël. C’est la nouvelle proclamée par les anges, le message représenté par l’étoile guidant les mages, et le message de l’amour de Dieu que nous portons dans nos cœurs et que nous sommes appelés à partager avec autrui.