Bien que nous connaissions tous l’expression « bon samaritain » nous ne savons peut-être pas qui étaient les Samaritains ni à quel point l’hostilité était profonde entre eux et les Juifs. Cette hostilité était enracinée dans le passé.
En l’an 720 avant J.C., le roi de l’empire Assyrien envahit Israël et déporta en Assyrie les dix tribus du nord. Puis, il fit venir des peuplades étrangères pour occuper les villes du Nord d’Israël qui étaient jusque-là habitées par les Juifs. C’est cette région qu’on appela par la suite la Samarie. 1
De nombreux habitants de cette région étaient des descendants du royaume du nord d’Israël, mais ils s’étaient mariés et assimilés à la culture non juive des peuples venus s’installer dans cette région. Ces gens venaient adorer le Dieu des Juifs, mais ils ne considéraient pas Jérusalem comme une ville sainte et ne pratiquaient pas leur culte dans le temple qui s’y trouvait. Pour eux le Mont Gerizim en Samarie était le lieu le plus saint où l’on pouvait adorer Dieu, et ils y bâtirent un temple à son sommet. Comme les coutumes et rituels religieux des Samaritains étaient différents des leurs, les Juifs évitaient tout contact avec eux.
Un jour qu’il voyageait en Judée, Jésus décida de se rendre en Galilée, sa province natale. La route la plus directe reliant la Judée à la Galilée passait par la Samarie, mais comme les Juifs n’avaient pas de relation avec les Samaritains, ils préféraient faire un long détour pour contourner la Samarie et éviter ainsi de traverser leur contrée. Or, à la grande surprise de ses disciples, Jésus décida d’ignorer ces conventions et les conduisit tout droit à travers la Samarie.
Après avoir marché longuement à travers la Samarie sur un terrain accidenté et difficile, Jésus et ses disciples arrivèrent au puits de Jacob que le patriarche Jacob et ses fils avaient creusé près de deux mille ans auparavant.
Le petit groupe, las et assoiffé, s’approcha du puits dans l’espoir de se rafraîchir, mais l’eau se trouvait à plus de 30 mètres de profondeur et ils n’avaient ni seau ni cruche. Ils étaient également à court de vivres. À quelques centaines de mètres de là, se trouvait la ville samaritaine de Sychar ; ils décidèrent donc que les disciples s’y rendraient pour y acheter de quoi manger. Mais Jésus, fatigué du voyage, s’assit près du puits pour se reposer. 2
Peu après, une femme s’avança sur la route, une cruche vide à la main. Arrivée près du puits, la femme fut étonnée de voir qu’un étranger était assis là. Méfiante, elle jeta des regards furtifs dans sa direction. « Ça m’a tout l’air d’être un Juif » pensa-t-elle. En espérant qu’il ne l’importunerait pas, elle s’apprêta à faire descendre son seau au fond du puits.
« S’il te plaît, donne-moi à boire un peu d’eau », lui demanda Jésus. 3
Surprise, la femme le regarda. « Comment se fait-il que toi qui es juif, tu me demandes à boire, à moi qui suis samaritaine ? répondit-elle. 4
« Si tu savais quel don Dieu veut te faire », lui répondit Jésus, « et qui est Celui qui te demande à boire » c’est toi qui Lui aurais demandé à boire et Il t’aurait donné de l’eau vive ! »
La femme répliqua : « Maître, non seulement tu n’as pas de seau mais le puits est profond. D’où la tires-tu donc, ton eau vive ? » Puis, ayant sans doute l’intention de remettre cet étranger à sa place, elle ajouta : « Es-tu plus grand que notre ancêtre Jacob, auquel nous devons ce puits, et qui a bu lui-même de son eau ainsi que ses enfants et ses troupeaux ? » 5
Jésus reprit : « Celui qui boit de cette eau aura de nouveau soif. Mais celui qui boira de l’eau que Je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Bien plus : l’eau que Je lui donnerai deviendra en lui une source intarissable qui jaillira jusque dans la vie éternelle! »
En voilà une déclaration extraordinaire ! Pas tout à fait certaine d’avoir bien compris, elle répliqua : « Maître, donne-moi de cette eau-là, pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus besoin de revenir puiser de l’eau ici. » 6
Contre toute attente, Jésus lui répondit : « Va donc chercher ton mari et reviens ici. » Sur quoi, elle répondit : « Je ne suis pas mariée. » Alors Jésus lui dit : « Tu as raison de dire : Je ne suis pas mariée. En fait tu l’as été cinq fois, et l’homme avec lequel tu vis actuellement n’est pas ton mari. Ce que tu as dit là est vrai. » 7
La femme fut stupéfaite ! Comment un parfait inconnu pouvait-il être au courant de tels détails de sa vie privée, à moins qu’il ne soit prophète ? Soudain elle fut saisie d’une inspiration : voilà quelqu’un à qui poser une question sur la polémique religieuse la plus violente du moment !
« Maître, dit-elle, je vois que tu es un prophète. » Elle pointa du doigt le temple érigé sur le Mont Gerizim et dit : « Nos ancêtres ont adoré Dieu sur cette montagne-ci. Vous autres, les Juifs, vous affirmez que le lieu où l’on doit adorer, c’est Jérusalem. »
« Crois-moi, lui dit Jésus, l’heure vient où il ne sera plus question de cette montagne ni de Jérusalem pour adorer le Père. Mais l’heure vient — et elle est déjà là — où les vrais adorateurs adoreront le Père par l’Esprit et en vérité ; car le Père recherche des hommes qui l’adorent ainsi. Dieu est Esprit et il faut que ceux qui L’adorent L’adorent par l’Esprit et en vérité. » 8
La femme en resta bouche bée. « C’est merveilleux, pensa-t-elle, si seulement on pouvait adorer Dieu où qu’on soit, dans son cœur ! » Elle décida de lui poser une question encore plus importante sur la venue tant attendue du Sauveur, le Messie.
« Je sais qu’un jour le Messie doit venir, celui qu’on appelle le Christ. Quand Il sera venu, Il nous expliquera tout. »
Jésus la regarda droit dans les yeux et lui dit : « Je suis le Messie, Moi qui te parle. » 9
La femme regarda Jésus, les yeux remplis d’étonnement. Se pourrait-il que ce soit Lui, le Messie, le Christ ?
Au même moment, les disciples de Jésus revenaient de la ville, étonnés de le voir en train de parler avec une femme. Comme ils s’approchaient, la femme se leva d’un bond et, sans même prendre sa cruche, elle reprit en courant le chemin de la ville.
Quand elle arriva sur la place du marché elle s’exclama avec animation : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! Et si c’était le Christ ? » 10 Gagnés par son enthousiasme et sa conviction, une bonne partie des auditeurs fut convaincue que l’homme qu’elle avait rencontré était le Messie tant attendu !
C’est ainsi que peu après les disciples de Jésus aperçurent une multitude de gens se dirigeant vers eux. La foule pria Jésus de rester avec eux pour leur transmettre son enseignement. Jésus accepta et les Samaritains, tout heureux, les amenèrent à Sychar.
Jésus enseigna dans leur ville pendant deux jours. Lorsqu’ils entendirent les merveilleuses paroles de vérité qu’Il leur enseignait, beaucoup de gens crurent en Lui et dirent à la femme : « Nous croyons en lui, non plus seulement à cause de ce que tu nous as rapporté, mais parce que nous l’avons nous-mêmes entendu ; et nous savons qu’il est vraiment le sauveur du monde ! » 11
Le dernier jour, comme Jésus et ses disciples se préparaient à poursuivre leur route vers la Galilée, une foule nombreuse se rassembla pour leur dire au revoir. Un sourire aux lèvres, la Samaritaine se fraya un chemin à travers la foule pour Lui faire ses adieux. Son visage rayonnait de bonheur ; à présent, elle comprenait le sens des paroles qu’Il avait prononcées ce jour-là au puits, et une source d’eau vive jaillissait maintenant de son âme.
Cette magnifique histoire tirée de l’Évangile de Jean nous apprend que Jésus n’hésitait pas à enfreindre les traditions de son époque pour apporter l’amour et la vérité de Dieu à des âmes perdues et solitaires. Non seulement, Il ne s’arrêta pas aux différences de race, de culture et de religion qui le séparaient des Samaritains pour leur apporter la vérité, mais Il ferma les yeux sur les péchés de cette femme rencontrée près du puits, pour ne voir qu’une âme assoiffée de l’amour de Dieu. Cette histoire nous apprend que l’amour de Dieu et le salut en Jésus sont pour tous les peuples. « Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle. »12.
Cette histoire souligne l’une des plus belles promesses de la Bible : le don du salut éternel que Dieu nous donne, offert à chaque personne qui croit en Jésus et à sa mort sur la croix pour notre pardon à tous.