De toutes les personnes que je connaisse, c’est mon père qui raconte le plus de blagues sur la mort. Il a 94 ans et dit qu’il n’a jamais imaginé vivre aussi longtemps, dépassant ma mère de 30 ans. Il plaisante que Dieu l’a peut-être oublié. Le moment le plus difficile de ma visite chez lui c’est « l’au revoir », car je n’ai jamais l’assurance de le revoir. En revanche, mon père est tout à fait serein dans sa situation. C’est moi qui, parfois, semble vouloir prolonger ces moments avec lui.

C’est alors que j’ai fait un rêve qui a changé mon attitude. Alors que j’étais sur le point de m’endormir sur le canapé du salon, je pensais à ma relation avec mon père, et soudain je fus transportée de l’autre côté. Je reconnus certaines personnes de ma famille qui étaient déjà mortes et se trouvaient au ciel, assises dans une pièce bien éclairée surveillant les arrivées. Un ascenseur en verre montait toutes les minutes et quelqu’un en sortait, accueilli par de joyeuses embrassades. J’ai compris qu’ils attendaient les gens qui venaient de quitter cette vie. Toutes les larmes et la tristesse d’ici étaient remplacées, là-bas, par de la joie.

La partie la plus étonnante du rêve était de voir comment mes bien-aimés attendaient. Ce n’était pas avec le genre d’impatience et de nervosité que je peux avoir dans un aéroport ou un arrêt de bus. C’était un moment agréable, calme, sachant que tout allait se passer dans le temps parfait de Dieu. J’ai alors réalisé que mon père expérimentait cette même sorte de paix.

Depuis ce rêve, je vois mon père âgé avec un autre regard. Je réalise que c’est une bénédiction de chaque fois pouvoir lui parler ou le voir, et j’ai cessé de m’inquiéter. Ses jours sont entre les mains de Dieu et son départ sera dans le temps de Dieu, avec ses bien-aimés de l’autre côté pour l’accueillir dans sa maison éternelle.1

  1. Note de Joyce : Mon père est décédé paisiblement dans les bras d’un ami cher peu de temps après l’écriture de cet article.